Si elle n'existait pas, ...

 

Si elle n'existait pas,

il faudrait vite l'inventer.

 

 

 

Il s'agit de la Mission Ouvrière.

 

Ça vaut la peine de la redécouvrir, surtout si l'on croit la connaître. On a pu souffrir de ses options politiques trop partisanes ; on peut encore être dérangés par ses prises de position. Mais qui porte en permanence le souci d'évangéliser un milieu dont l'Église est très loin, trop loin ? Qui porte le souci de l'amitié avec ceux et celles qui, ayant du travail ou non, actifs ou retraités, se reconnaissent du Monde Ouvrier ?

 

Il est vrai que l'Action Catholique des Enfants en Monde Ouvrier est très fragile. Il est vrai que l'Action Catholique Ouvrière, dans notre diocèse, n'a plus la force qu'elle avait autrefois. Quant à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, elle est en renaissance : son aumônier, jeune encore, nous confie dans sa lettre de vœux que "sa force est de rejoindre les jeunes de milieux populaires et de leur proposer la lumière de l'Évangile qui leur révèle leur dignité et leur redonne confiance. Je dis souvent que c'est à la JOC que j'ai fait l'expérience de la résurrection. Des jeunes étaient au fond du trou, de l'échec scolaire ou professionnel, de l'inactivité, de l'alcool, de la drogue et grâce à la JOC, ils se sont relevés et se sont mis à revivre ! Je ressens une grande joie d'avoir été témoin de cela et je désire que beaucoup d'autres jeunes fassent cette expérience…" tous ces mouvements ont pris depuis quelques dizaines d'années la mesure de la déchristianisation : ils savent la nécessité de rechoisir l'Évangile et la foi de l'Église comme sources, puisqu'elles ne sont plus aujourd'hui les sources qui vont de soi.

 

Alors je suis heureux d'accompagner, dès qu'elle le souhaite, l'équipe diocésaine de la Mission Ouvrière.

 

Je suis heureux quand deux cents vrais pauvres habitant les quartiers populaires remplissent toute une journée la Maison du diocèse à Raismes : je les ai entendus rendre grâce pour tous les membres de leur équipe "Solidarité Quartier" qui leur permettent de tenir debout à l'heure de leurs désespérances.

 

Je suis heureux de la présence des communautés religieuses qui habitent ces quartiers et qui font de leurs petites maisons ou appartements des coins de ciel où l'on peut venir prier, faire silence, être accueillis et écoutés : je viens de le vérifier une fois de plus avec les petites sœurs du Père de Foucauld à Masny.

 

Je suis heureux lorsque la mission dans ces quartiers populaires mobilise beaucoup d'initiatives pour réussir le financement d'un voyage à Lourdes pour soixante personnes qui n'ont pas les moyens de se le payer, afin qu'elles puissent participer à la rencontre nationale "Diaconia" en mai prochain.

 

Je suis heureux quand le Secours Catholique fait de même pour une vingtaine d'autres personnes.

 

Et parce que beaucoup font de la "Mission Ouvrière" sans trop le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, je suis heureux de voir certaines paroisses et toute l'équipe diocésaine du Catéchuménat appeler de très nombreux pauvres au baptême et à la confirmation à l'heure où ils ne se croient pas ou plus appelables aux sacrements de l'initiation.

 

Je suis heureux encore de voir les Sœurs Servantes des Pauvres à Denain ouvrir l'espace de leur jardin pour accueillir en centre aéré des centaines d'enfants qui n'ont de vacances que chez elles.

 

Il y aurait tant d'autres histoires à raconter… Il y a de la nouvelle évangélisation dans le Monde Ouvrier.

 

 

X François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

 

Article publié par Michel LEMAIRE • Publié le Vendredi 22 février 2013 • 2631 visites

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