"Misérables lauriers..."

édito du 6 juin

"Misérables lauriers…"

 

Ce que vous allez lire est le compte-rendu d'un "grand vicaire parisien" à son nouvel archevêque, en 1849. Je l'extrais d'un livre qui a pour titre : "La religion est perdue à Paris"… Toutes les générations ont tendance à penser que "tout est perdu" ! Sauf les vrais croyants et les lecteurs d'Église de Cambrai !

 

"La première communion est précédée de trois ou quatre jours de retraite. Cet enfant de 10 à 12 ans est moins incapable de la faire par ce qu'il est que par ce qu'il n'est pas et qu'il devrait être. Il serait désolé de faire une mauvaise première communion, quoiqu'il ignore un peu ce que c'est qu'une mauvaise première communion. Il est attentif et recueilli, il recherche tous ses péchés avec le soin le plus scrupuleux et sans mesurer ni l'étendue ni la difficulté ni même le sens des promesses qu'on lui demande. Il promet tout, il serait si fâché de ne pas communier. Il promettrait l'impossible si vous le lui demandiez ! Ces enfants sont donc recueillis pendant la retraite. Ils le sont encore davantage le jour de la cérémonie sainte. L'allocution a été touchante, l'on a parlé au cœur, les toilettes brillaient, les odeurs suaves parfumaient l'enceinte, tous les fronts rayonnaient de joie. Les enfants ont pleuré car on leur avait dit que c'était le plus beau jour de leur vie ; les parents ont pleuré, car on pleura le jour où eux aussi communièrent pour la première et la dernière fois ; tout le monde a pleuré, car les pleurs sont contagieux. Donc la première communion a été excellente, et Messieurs du clergé peuvent dormir sur leurs lauriers.

 

Misérables lauriers !... La comédie est jouée, voilà tout. Aussi les Pâques suivantes se passeront sans que ces enfants songent à vous donner beaucoup de peine. Une vingtaine surtout reviendront cependant au bout de l'an pour renouveler la première communion si saintement faite, vous demander une absolution méritée par douze mois vides de prière, douze mois d'entier oubli de Dieu. Puis ce sera bien la fin, la fin tout de bon, la fin finale."[1]

 

 

A l'heure où l'on célèbre un peu partout dans le diocèse des premières communions, je veux remercier tous ceux et celles qui font tout pour qu'elles soient de vraies rencontres du Christ. Et j'appelle ceux et celles qui pensent qu'autrefois tout allait mieux dans l'Église à retrouver de l'Espérance !

 

+ François Garnier

Archevêque de Cambrai

 

 

 

[1] "La religion est perdue à Paris"… Lettre d'un vicaire parisien à son archevêque. Editions CANA – Foi et histoire – 1978 – pages 34-35.

Article publié par Cathocambrai • Publié le Lundi 24 juin 2013 • 2848 visites

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